Article de Line Paulet
Novembre 1928
Pour obtenir le droit de vote
Groupons-nous et demain….
Nous voici au mois de novembre, terme définitif des vacances, Messieurs les Parlementaires vont eux-mêmes rejoindre leurs postes. Nous aussi, les Femmes, devons rejoindre le nôtre, qui est un poste de combat. Il faut en effet reprendre la lutte, le Sénat ayant refusé à nouveau au mois de juin dernier d’examiner notre cause. Plus que jamais il faut donc se grouper car il faudra sans doute encore beaucoup et souvent demander pour pouvoir espérer obtenir satisfaction.
Certes de tous côtés les encouragements nous parviennent. L’idée féministe progresse, lentement sans doute, mais sûrement. Le succès de Pour la Femme l’atteste.
Aussi l’année 1929 doit-elle marquer un succès pour le féminisme. S’il ne doit pas être total qu’il soit au moins partiel.. L’occasion nous en est offerte par les élections municipales qui doivent précisément avoir lieu cette année.
Je sais bien qu’il s’est déjà dessiné une offensive pour reporter ces élections en 1930 sous prétexte de rétablir un équilibre rompu depuis la guerre. J’avoue que pour ma part je ne vois pas la nécessité de laisser des intervalles réguliers entre les différentes élections . Ce projet me semble être plutôt une manœuvre politique de la dernière heure destinée à prolonger les mandats municipaux en vue des prochaines élections sénatoriales. Mais chut ! ! ! ceci c’est de la politique et pour l’instant la Femme n’a pas le droit d’en faire. Mais elle a le droit et le devoir de demander à en faire. Aussi que ces élections aient lieu dans 6 ou 18 mois, il faut que les Femmes y prennent part.
Que ceux qui refusent de nous faire participer aux élections législatives par crainte d’un trop grand inconnu limitent tout d’abord l’expérience du vote des femmes à ces élections régionales, quitte à étendre ou limiter nos droits, compte tenu de cette première consultation féminine.
Cette solution d’attente a déjà été proposée en France et mise en pratique entre autres chez nos voisins immédiats, l’Espagne et l’Italie. Si elle a été écartée autrefois c’est que sans doute aux adversaires trop irréductibles du féminisme s’étaient joints des partisans trop zélés qui ne voulaient souscrire à une pareille demi-mesure interprétée comme un acte de méfiance vis à vis de la Femme.
Eh bien nous autres femmes, confiantes dans le résultat d’une première élection, saurions-nous nous en contenter aujourd’hui ?
Je dis nous autres Femmes et je sais que tel n’est pas l’avis de toutes. Beaucoup de féministes ont pris aujourd’hui pour devise « Tout ou rien ». alors que d’autres accepteraient un demi succès, si bien qu’à l’heure actuelle les diverses ligues, unions ou associations féministes ne sont pas d’accord sur le choix du premier objectif à atteindre . Je le déplore d’autant plus qu’il démontre une fois de plus l’absence d’unité d’action pourtant si indispensable dans une pareille lutte.
Or ce qu’il faudrait avant tout c’est une action unique pour un but unique.. Ce but me paraît devoir être tout d’abord le plus facile à atteindre : le bulletin de vote pour les élections municipales.
Il est vrai qu’en 1914 cette unité d’action était réalisée. Les grandes associations féministes étaient d’accord pour revendiquer tout d’abord un droit de vote et l’éligibilité partiel : conseils municipaux, conseils d’arrondissement, conseils généraux.
Depuis il y eut la guerre et à son lendemain on put croire un instant que la Femme serait l’égale de l’homme devant la loi. On sait quel sort le Sénat réservait au projet de Loi adopté par la Chambre. Il a refusé et refuse encore la discussion.
Que faire ? Je ne crois pas que ce soit en allant briser les vitres du Palais du Luxembourg ou en organisant des manifestations – d’ailleurs régulièrement interdites – dans la rue, que l’on puisse faire triompher notre idée. Au contraire, ce n’est pas non plus en dispersant nos efforts que nous pouvons espérer surmonter un obstacle tel que celui qui depuis 6 ans nous barre la route. Puisque l’obstacle ne peut se franchir en seul bond, cherchons plutôt un marchepied qui nous permettra par la suite de le franchir plus aisément. Ce marchepied se présente de lui-même, ce sont les élections municipales. Sachons en profiter.
Regroupons – nous donc sur nos positions de 1914 et fortes du rude assaut entrepris depuis 10 ans, fortes de la concession à faire aujourd’hui, fortes de notre sagesse, je ne doute pas qu’un jour très prochain nous obtenions satisfaction sur ce premier point.
LINE PAULET
Elle écrivait bien. L'union fait la force. C"est comme aujourd'hui PC et melenchonistes incapables de s'entendre. Chacun va manifester de son côté. Ceux sui sont pour cette loi travail comme moi s'en réjouissent mais c"est triste. Bisous
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