vendredi 29 septembre 2017

Paroles de femmes



Le 2 octobre 2007 est paru aux éditions Les Arènes  le livre" Paroles de Femmes".
Il s'agit d' une série de témoignages exceptionnels, recueillis par Jean-Pierre Guéno auprès des 14 millions d'auditeurs de Radio France.
Ces extraits de lettres, de journaux intimes et de récits autobiographiques sont authentiques, tendres et poignants ; ils illustrent notre mémoire collective et rendent à l'histoire sa dimension humaine. Temps de l'ombre, temps des luttes, temps des conquêtes, temps des femmes... De 1900 à aujourd'hui, quatre générations de Françaises se confient. Expériences intimes, déchirures, passions, combats...
Des textes bouleversants qui brisent le silence. Leurs histoires nous emportent. Un livre de mémoire et de témoignage, mais aussi de vigilance et d'hommage. Que de changements pour les femmes en un siècle ! Plusieurs générations de femmes vivent aujourd'hui en France. La première a connu les lavoirs et les femmes cantonnées à la vie familiale. La seconde a grandi avec le droit de vote des femmes, le baby-boom et la pilule.
La troisième a connu la libéralisation de l'avortement et la désaffection du mariage. Les jeunes femmes d'aujourd'hui sont loin d'imaginer ce qu'il a fallu de courage et de souffrances à celles qui ont ouvert le chemin, pour qu'elles puissent s'épanouir aujourd'hui avec les mêmes chances et les mêmes droits que les hommes. Arrière-grand-mère, grand-mère, mère et fille peuvent aujourd'hui se parler, se répondre et se comprendre.

Et je suis fière aujourd'hui de vous parler de ce livre !
J'ai saisi l'opportunité qui m'était offerte, moi auditrice fidèle de France Inter, pour proposer les écrits de Marie Clemenceau dite Line Paulet, résultats de mes recherches en généalogie sur la famille Clemenceau.

Fille d'un tonnelier charentais, Marie Madeleine Clemenceau, surnommée Line, est née le 20 mai 1886 à Lalande de Pomerol. A 18 ans, elle met au monde un enfant dont elle n'épousera le père que 10 ans plus tard, à la veille de la Grande Guerre.
Tour à tour actrice,parachustiste, journaliste, elle devient, à la fin des années 1920, directrice de la revue 'Pour la Femme'.
Sortie de l'ombre et de l'oubli.....
à la page 88 on peut lire "Line contre la guerre"
Et page 90 "S'abstenir, c'est aggraver sa responsablité"
Et juste après on trouve" Le combat de Louise"..... Louise Weiss!
C'est beau non?
En tout cas je fais ici une pub ouverte pour ce livre! Il est magnifique!
Je suis entrain de restructurer l'histoire sur Line Paulet.
En attendant si vous voulez relire l'article il est ici!

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Sachez aussi qu'on trouve un livre plus petit qui rassemble tous les écrits sans les images, et bien sûr à un prix très modeste!

mercredi 27 septembre 2017

Recherche Line désespérément!



                                                       Line Paulet à un meeting d'aviation

 Lorsque j’ai commencé à rechercher mes ancêtres, j’ai avancé assez vite parce que pour la plupart, ils sont nés dans des communes proches en Corrèze. Les informations ont été relativement aisées à récolter.

J’étais aussi fort intéressée à rechercher les ancêtres Clemenceau.

Une rumeur courrait, me disait Kléber, que son arrière grand père Clemenceau était un enfant trouvé, que lors de partir faire son service militaire quelqu’un avait payé pour qu’il ne le fasse pas !

Cet arrière grand père s’appelait Pierre et au vue de sa dernière carte d’identité, il était né à Saint Pierre du Palais en Charente. Son fils Chéri Edmond lui est né aux Eglisottes en Chalaure en Gironde. Même si elles sont dans deux départements différents, géographiquement ce sont deux communes très proches.
                                                               
                                                                    Pierre Clemenceau

 Nous décidons en 2004 de partir à la découverte de la terre des ancêtres.

Je dois dire que découvrir une région en faisant ce type de recherche est passionnante et très riche ;

Nous irons d’abord en Gironde où nous n’avons trouvé que la naissance d'Edmond Chéri.

Arrivés à Saint Pierre du Palais, nous sommes très bien accueillis par les responsables de cette petite mairie . Là nous allons avoir notre premier choc.

Pierre est bien né là en 1863 au lieu dit La petite Martre ainsi que ses neuf frères et sœurs dont des jumeaux !!

Comme quoi, il faut toujours se méfier des légendes familiales.

Nous irons visiter d’ailleurs ce lieu dit, La Petite Martre, un lieu enchanteur avec un vieux moulin, un lavoir et une rivière courant sous des saules pleureurs.

On trouvera seulement l’année d’après le mariage de Pierre et Pétronille Bertin à Saint Pierre du Palais.

Nous avons sillonné toute la région plusieurs années de suite. (2003-2005-2006)

A Cercoux où apparemment est le berceau familiale des Clemenceau, nous rencontrerons d’ailleurs grâce au maire de la commune une petite cousine du grand père de Kléber. Une charmante vieille dame de 90 ans, bon pied bon œil avec une mémoire phénoménale. Le maire d’ailleurs nous l’avait précisé : "  Mme Solange Naud est la mémoire et une des doyennes de notre village.  "
Solange nous a beaucoup parlé deux années de suite toujours très heureuse de nous voir. Avec ce souvenir ému de Kléber, la première fois qu’ils se sont rencontrés. Ne lui avait –elle pas dit d’emblée

- "  mais mon cher si je vous avais rencontré dans la rue, j’aurais pu dire tout de suite que vous aviez l’allure des Clemenceau, grand et fort comme eux ! "

Kléber mesure 1m 87.

Par contre elle n’avait jamais entendu parler de Line Paulet ! Mais quand on lui a dit qu’elle aimait sauter en parachute, elle s’est écrié

- " ah mon dieu on doit être bien parente, ça a été toujours mon rêve ! Gamine je montais sur le toit de la scierie de mon père, et je sautais dans le tas de sciure ! J’étais un vrai garçon manqué ! "



On redescendra vers la Gironde pour visiter toutes les communes où la famille a habité. Ces communes se nomment Saint-Laurent des Combes (nous avons une photo d’école où apparaît Chéri Edmond), Saint Christophe des Bardes, Saint Michel de Fronsac, petites communes gravitant autour de Saint- Emilion et aussi Libourne.


                               Moto d'Yvan père de Kléber en 1950 à Saint Emilion

                                   
                                                             Moto de Kléber en 2006

Pierre sera sabotier puis tonnelier comme son père et son grand père. Dans les années 1905 il sera d’ailleurs maître chais au Château Laroque.



Nous trouverons aussi la naissance de Marguerite la deuxième sœur d’Edmond à Saint Michel de Fronsac…. Pas de trace de naissance de Line.

Avec les échanges entre généalogistes, j’ai appris à lire les actes , à émettre des hypothèses. Par exemple au XIX ème siècle la jeune mariée accouchait souvent de son premier enfant chez sa mère.

Ne trouvant rien sur Line, j’ai donc regardé où était née Pétronille Bertin. Nous voilà partis à Lalande de Pomerol lieu de sa naissance .

                                                                    Pétronille Bertin

Et là enfin…. J’ai trouvé ! Je vous assure que c’est une telle joie de trouver enfin un élément essentiel qui fait avancer les recherches. …. Je vous le dis tout net, j’ai crié un grand OUI !

En marge de son acte de naissance était noté son mariage avec Pierre Nelson Darbeau . Lorsque je recevrai cet acte de la mairie de Paris ( 10ème ) célébré le onze août 1914, il est noté que les époux légitimeront la naissance de leur fils Robert Guy Darbeau né en 1904 à Montpont Ménestérol.

Line Paulet s’appelait en fait Marie Madeleine née le 20 mai 1886 à Lalande de Pomerol en Gironde. Quand naît son fils, Marie est âgée de 18 ans et elle exerce le métier de lisseuse.

Il me manque maintenant de trouver la date de son décès.

Comme je n’ai plus aucun document après 1929, je peux penser que la date de son décès se situe entre 1930 et 1940 ,dans cette tranche d’années.

J’ai fait une demande dans plusieurs arrondissements de Paris sans résultat.

Il y a peu j’ai cru que j’allais savoir en demandant l’acte de mariage de son fils à la mairie du 18ème, j’avais demandé un acte filiatif( avec les renseignements sur les parents) .Mais je n’ai pas eu de chance. Il me faut l’autorisation du Procureur de la République pour obtenir un acte filiatif , datant de moins de 100 ans.

Donc il va falloir encore écrire….

Ici se terminent mes premières recherches sur Line Paulet…. Donc à suivre !

Juste un dernier mot…. Il y a quelques jours regardant de vieilles cartes postales, j’en ai trouvé une de Line adressée à Yvan, son neveu et père de Kléber, dont l’adresse était au 294 avenue Gambetta à Bagnolet. Kléber m’assure que son père est arrivé sur Bagnolet en 1936. Date à retenir ?

dimanche 24 septembre 2017

La comédienne de théâtre



Il est  temps de vous parler de sa période théâtre. C'est peut être par là que j'aurai du commencer, si j'avais voulu respecter l'ordre chronologique. En effet j'ai pu donc établir que de :

-1910 à 1912, elle a été actrice des Tournées Baret

- 1922 à 1926 parachutiste et membre de la Société Icare

- 1928 à 1929 journaliste et directrice de la revue "Pour la femme" anciennement Don Quichotte.

Je vous raconte ma quête dans l'ordre où je l'ai découverte!

Revenons donc à cette période des tournées Baret.


Pour information la Grande Colette était actrice à cette époque des tournées Baret!

J'ai retrouvé un grand nombre de cartes postales écrites de sa main et envoyées depuis les villes où les tournées s'installaient. Elle les adressait à  Guy Darbeau, à Nelson Darbeau mais aussi à son frère Chéri Edmond Clemenceau (le grand père de Kléber mon mari).

Incroyable le nombre de villes visitées par cette troupe sur les années 1910-1911-1912.

Jugez plutôt.... j'ai fait la liste approximative.

Liège -Bruxelles -Belfort - Bâle - Bern- Montreux - Neufchâtel -Genève -Nice- Cannes -Grasse- Marseille- Avignon -Montpellier - Carcassonne - Toulouse - Bordeaux - Libourne - La Rochelle -La Roche sur Yon- Laval- Brest- Saint-Brieux - Dreux- Saint-Adresse - Rouen -Chartres- Clermont-Ferrand- Bourges.


 Je ne sais pas sous quel nom elle jouait dans cette troupe! Mais je pense que c'est là qu'elle a commencé à prendre ce nom de Line Paulet. Dans ce vieil album j'ai retrouvé une douzaine de photos d'actrices dont Sylvie ( souvenez-vous 'La vieille dame indigne') mais pas de Line.

Par contre une très belle photo comme on en faisait à l'époque appuyée  contre une sellette. La voici ! Je la trouve très jolie!



Mais je ne sais toujours pas où est née Marie!

Nous décidons alors avec Kléber d'aller sur la terre de ses ancêtres.

Le père de Marie, Pierre était tonnelier, né à Saint Pierre du Palais en Charentes.

Le grand père de Kléber,  Chéri Edmond est né aux Eglisottes en Chalaure.

Deux superbes balades en moto en Charentes et Gironde en 2005 et 2006 que je vous conterai prochainement!

A suivre.....

L'Aérophile

Encore quelques documents concernant son action dans la Société L'Icare.
Extrait du journal "Les Ailes"



L'AEROPHILE       1er décembre 1923 n° 23/24

Mademoiselle Line Paulet nous a donné samedi 9 octobre 1923 un aperçu de ses qualités de conférencière dans la salle des conférences du Concours Lépine.
Le titre de sa causerie était :" L'aviation pour tous"
Après avoir parlé du concours de l'aviation de tourisme, elle traita de l'avenir de l'aviation:
"Je voudrais trouver des mots assez éloquents pour traduire parfaitement ma pensée et vous dire ma conviction profonde en l'avenir radieux de la locomotion aérienne. Je voudrais vous convaincre de son utilité immédiate et vous ralliez à sa cause. L'aviation est le moyen de l'avenir sans aucun doute mais d'un avenir très rapproché et dès maintenant il vous faut compter avec elle."
Elle termina en exposant les buts de la Société L'Icare.
Sa péroraison fut longuement applaudie.

Nos parachutistes
L'aérophile, toujours soucieux de se documenter sur toutes questions concernant l'Aéronautique, a bien voulu me demander quelques notes sur mes descentes en parachute et les impressions que j'ai ressenties.
Les voici sommairement exposées:
J'ai débuté à Verdun, en 1922, avec la Société de propagande aéronautique sur parachutes ORS.
Je n'étais jamais montée en avion - ceci pour bien faire comprendre qu'il n'est pas besoin d'être acrobate, ni même sportif pour se servir d'un parachute.
La sensation de ce saut dans le vide peut se comparer- pour ceux qui savent nager - à un plongeon dans l'eau.
Depuis j'ai accompli une cinquantaine de descentes dans les principales villes de France où MM Robin et Finat, mes directeurs,font une active propagande.Ces meetings,toujours suivis et appréciés du public, ont eu lieu par tous les temps, avec n'importe quel type d'avion et j'effectue parfois deux descentes le même jour.
Bref, je crois bien être recorwoman de ce sport. Eh bien -j'en suis navrée pour les amateurs de frisson -impossible de vous faire des récits héroïques ou extraordinaires, il ne m'est absolument rien arrivé..... même pas une égratignure.
Je puis donc dire aux lecteurs de l'Aérophile de considérer le parachute comme un moyen de sauvetage;les aviateurs ou passagers devraient toujours l'emporter avec eux pour s'en servir en cas d'incendie ou d'accident de moteurs. Si nous avions toujours pris cette précaution, nous aurions certainement pu éviter la mort de beaucoup de camarades.
J'effectue toutes mes descentes en robe de ville et en chapeau;et, quand j'arrive au sol j'ai l'air de sortir d'un salon.
Vous voyez, amis lecteurs,n'hésitez pas à vous servir du parachute, si vous en avez l'occasion, vous aurez une impression délicieuse à vous sentir le jouet du vent. Et le point de vue est superbe, vous savez....
                                                                                                                              Line PAULET

Ces documents m'ont été envoyés par Mr Yves M. chercheur au Musée de l'Air du Bourget.




vendredi 22 septembre 2017

Record woman de saut en parachute




Le dernier chapitre de cette histoire parlait de la passion de Line pour l’aviation et surtout pour le saut en parachute !

Après la visite à la bibliothèque Marguerite Durand où j’avais découvert une femme moderne, féministe et politique, je veux trouver la femme sportive……

Je chercherai des informations un peu partout ( BNF, Beaubourg…..) sans résultat jusqu’au jour où ayant laissé mes coordonnées au Service de l’Armée de l’Air à Vincennes, un monsieur (Colonel.. oui oui !) m’appelle. Faisant lui aussi des recherches généalogiques, il comprend mes soucis et m’oriente vers le Musée de l’Air au Bourget. Vous dire que ma recherche va aboutir, ce n’est pas vraiment le terme ! Mais la responsable m’indique qu’il y a dans la salle d’études, un monsieur qui écrit l’histoire du parachutisme en France.

Je veux croire que les chercheurs sont exceptionnels, du moins Mr Yves M. l’est.

Il n’a pas hésité à m’appeler pour me dire : "  Mais bien sûr ! j’ai déjà vu plusieurs articles sur Line Paulet… je regarde dans mes dossiers et je vous recontacte ! "

Ce qu’il a fait ! Il a pu même établir une sorte de chronologie des nombreux sauts qu’effectuera Line Paulet.

Extrait du courrier de Mr Yves M.

" Elle est mentionnée pour la première fois en 1922 dans le journal Les Ailes, le 13 août au meeting d’Auxerre, où elle est créditée de deux descentes, puis à Valenciennes le 26 du même mois, le 3 septembre à La Baule, où elle effectua plusieurs descentes et enfin le 8 octobre, à Poitiers. En 1923 elle est citée dans plusieurs meetings, de janvier à Auch jusqu’à octobre à Amiens. En 1924, citée dans 11 meetings, dont celui de Montélimar, avec la mention " 56ème descente ". Comme il y a encore cinq meetings après celui-là, on peut penser que son 60ème saut se situe cette année .
Elle a sauté en 1925 puisque j’ai trouvé une carte postale mentionnée saut de Line Paulet dans le Nord en 1925.à ?….. les années suivantes(1925,1926,1927) ne voient plus son nom cité une seule fois. "
                                                     


J'ai acheté cette carte postale sur Ebay. Au dos est inscrirt "Saut de Line Paulet dans le Nord."

mardi 19 septembre 2017

La Femme et l'aviation

Article paru dans la revue "Pour la Femme "
Novembre 1928

La Femme et l’Aviation

Un grand journal d’information a annoncé dernièrement le départ de Lady Heath pour l’Amérique où elle se propose d’entreprendre une série de conférences sur l’Aviation. Sans vouloir diminuer en rien le mérite de l’aviatrice anglaise irlandaise* dont, déjà, à plusieurs reprises, nous avons eu à admirer les performances au cours de nombreuses compétitions auxquelles elle a pris part, tant en France qu’à l’étranger, il n’est peut-être pas inutile de rappeler ici aujourd’hui, qu’une Française, Mlle Marvingt, apôtre de l’aviation, a déjà précédé sa sœur étrangère dans cette voie.
Mlle Marvingt fut une aviatrice de la première heure. Elève de Latham, elle effectua ses premiers vols sur avion Antoinette, de Levavasseur et vola ensuite sur avion Deperdussin à une époque où le monde émerveillée suivant avec un étonnement mélangé de scepticisme cette nouvelle audace de l’homme. De l’audace certes, il en fallait, mais ce n’était pas ce qui faisait défaut à Mlle Marvingt. D’ailleurs les choses de l’air lui étaient déjà familières. Avant que d’être une adepte du ‘plus lourd que l’air’, elle avait déjà effectué de nombreux voyages en sphériques, entre autres, en compagnie du commandant Garnier, la traversée de la mer du Nord d’Amsterdam à Southwold – 200 km au-dessus des flots, record de distance. Au surplus, sportive accomplie, elle pratiquait et pratique encore l’alpinisme, la natation, le tir..etc… et dans chacune de ces branches remporte chaque jour de nouveaux succès.
Aussi la Ligue Aéronautique de France la désigne-t-elle bientôt comme déléguée, conférencière, chargée de faire connaître et aimer l’aviation à ceux qui pouvaient douter encore. Mlle Marvingt n’hésita pas à s’expatrier durant de longues années allant de Suisse en Italie, d’Italie en Espagne, d’Espagne en Afrique du Nord et partout prêchant en faveur de la navigation aérienne.
Cette femme intrépide qui fût surnommée « la fiancée du Danger » participa par la suite à la guerre du Rif en qualité d’infirmière auprès des Français puis auprès des Espagnols, afin de se documenter sur l’aviation sanitaire dont elle peut se flatter, à juste titre, d’être le promoteur, puisque déjà en 1909, elle songeait à utiliser l’avion pour le transport des blessés. Elle fait partie du comité exécutif du congrès sanitaire qui doit avoir lieu en mai 1929 à Paris et à Reims sous la présidence du professeur Richet.
Ce rapide aperçu montre quelle œuvre utile peut accomplir une femme en faveur d’une cause aussi passionnante que celle de l’aviation, surtout lorsque cette femme a l’activité et l’audace de Mlle Marvingt.

* correction apportée le 27.1.2007 suite au commentaire de Lindie Naughton
Lindie Naughton 27/01/2007
Tres interessant - une petite chose: Lady Mary Heath etait irlandaise, pas anglaise.  Voir mon site www.ladyicarus.blogspot.com (en anglais, mais....)



              Marie Marvingt prend le départ à Bétheny en 1912 sur  Deperdussin

Celle- ci du reste, rentrée en France, depuis deux ans, a continué sa croisade dans notre province et ces jours derniers nous avons eu le plaisir de l’entendre à l’Ecole Normale primaire de jeunes filles. Après une intéressante causerie sur l’aviation, Mlle Marvingt déclama de sa voix prenante, la « Conquête Nouvelle » du regretté Lieutenant Boisanger, tombé au champ d’honneur.
Notre aviatrice, très applaudie et chaleureusement félicitée, eut la surprise de découvrir parmi ces jeunes filles de nombreuses « fanatiques » et même plusieurs « baptisées » de l’air. Mais cependant, elle ne conseille pas aujourd’hui à celles-ci de se lancer dans cette voie, l’aviation de tourisme en France étant encore inexistant puisqu’elle n’a ni les avions ni les terrains qu’il lui faudrait.
Pour la Femme ne désespère pas que bientôt il en soit autrement. N’oublions pas, en effet, que notre Ministre de l’Air a appelé auprès de lui un homme jeune , actif, aux idées fécondes et réalisations rapides, Mr Couhé. Ancien député, ingénieur des mines de Lens, ancien pilote de guerre, toujours fervent touriste de l’air, et possédant son avion personnel, nul doute qu’il ne s’attache bientôt à cette importante question et qu’il mette tout en œuvre  pour doter rapidement notre pays des avions et des terrains qu’il lui manque.

Novembre 1928                                                                Line Paulet

lundi 18 septembre 2017

Groupons-nous et demain.....

Article de Line Paulet
Novembre 1928
 Pour obtenir le droit de vote                                      


Groupons-nous et demain….

               Nous voici au mois de novembre, terme définitif des vacances, Messieurs les Parlementaires vont eux-mêmes rejoindre leurs postes. Nous aussi, les Femmes, devons rejoindre le nôtre, qui est un poste de combat. Il faut en effet reprendre la lutte, le Sénat ayant refusé à nouveau au mois de juin dernier d’examiner notre cause. Plus que jamais il faut donc se grouper car il faudra sans doute encore beaucoup et souvent demander pour pouvoir espérer obtenir satisfaction.
Certes de tous côtés les encouragements nous parviennent. L’idée féministe progresse, lentement sans doute, mais sûrement. Le succès de Pour la Femme l’atteste.
Aussi l’année 1929 doit-elle marquer un succès pour le féminisme. S’il ne doit pas être total qu’il soit au moins partiel.. L’occasion nous en est offerte par les élections municipales qui doivent précisément avoir lieu cette année.
 Je sais bien qu’il s’est déjà dessiné une offensive pour reporter ces élections en 1930 sous prétexte de rétablir un équilibre rompu depuis la guerre. J’avoue que pour ma part je ne vois pas la nécessité de laisser des intervalles réguliers entre les différentes élections . Ce projet me semble être plutôt une manœuvre politique de la dernière heure destinée à prolonger les mandats municipaux en vue des prochaines élections sénatoriales. Mais chut ! ! ! ceci c’est de la politique et pour l’instant la Femme n’a pas le droit d’en faire. Mais elle a le droit et le devoir de demander à en faire. Aussi que ces élections aient lieu dans 6 ou 18 mois, il faut que les Femmes y prennent part.
Que ceux qui refusent de nous faire participer aux élections législatives par crainte d’un trop grand inconnu limitent tout d’abord l’expérience du vote des femmes à ces élections régionales, quitte à étendre ou limiter nos droits, compte tenu de cette première consultation féminine.
Cette solution d’attente a déjà été proposée en France et mise en pratique entre autres chez nos voisins immédiats, l’Espagne et l’Italie. Si elle a été écartée autrefois c’est que sans doute aux adversaires trop irréductibles du féminisme s’étaient joints des partisans trop zélés qui ne voulaient souscrire à une pareille demi-mesure interprétée comme un acte de méfiance vis à vis de la Femme.
Eh bien nous autres femmes, confiantes dans le résultat d’une première élection, saurions-nous nous en contenter aujourd’hui ?
Je dis  nous autres Femmes et je sais que tel n’est pas l’avis de toutes. Beaucoup de féministes ont pris aujourd’hui pour devise  «  Tout ou rien ». alors que d’autres accepteraient un demi succès, si bien qu’à l’heure actuelle les diverses ligues, unions ou associations féministes ne sont pas d’accord sur le choix du premier objectif à atteindre . Je le déplore d’autant plus qu’il démontre une fois de plus l’absence d’unité d’action pourtant si indispensable dans une pareille lutte.
Or ce qu’il faudrait avant tout c’est une action unique pour un but unique.. Ce but me paraît devoir être tout d’abord le plus facile à atteindre : le bulletin de vote pour les élections municipales.
Il est vrai qu’en 1914 cette unité d’action était réalisée. Les grandes associations féministes étaient d’accord pour revendiquer tout d’abord un droit de vote et l’éligibilité partiel : conseils municipaux, conseils d’arrondissement, conseils généraux.
Depuis il y eut la guerre et à son lendemain on put croire un instant que la Femme serait l’égale de l’homme devant la loi. On sait quel sort le Sénat réservait au projet de Loi adopté par la Chambre. Il a refusé et refuse encore la discussion.
Que faire ? Je ne crois pas que ce soit en allant briser les vitres du Palais du Luxembourg ou en organisant des manifestations – d’ailleurs régulièrement interdites – dans la rue, que l’on puisse faire triompher notre idée. Au contraire, ce n’est pas non plus en dispersant nos efforts que nous pouvons espérer surmonter un obstacle tel que celui qui depuis 6 ans nous barre la route. Puisque l’obstacle ne peut se franchir en seul bond, cherchons plutôt un marchepied qui nous permettra par la suite de le franchir plus aisément. Ce marchepied se présente de lui-même, ce sont les élections municipales. Sachons en profiter.
Regroupons – nous donc sur nos positions de 1914 et fortes du rude assaut entrepris depuis 10 ans, fortes de la concession à faire aujourd’hui, fortes de notre sagesse, je ne doute pas qu’un jour très prochain nous obtenions satisfaction sur ce premier point.

                                                                                                     LINE PAULET



dimanche 17 septembre 2017

La politique

Article de Line Paulet

Septembre 1928

De mauvaises langues prétendent que les Sénateurs s’occupent fort volontiers des femmes hors du Palais du Luxembourg, mais refusent par contre de les connaître au sein de leur Assemblée.
Ce n’est évidemment là que pure calomnie.
 Sans doute jusqu’à ce jour le rejet sine die du projet de loi tendant à reconnaître aux femmes le droit de vote et d’éligibilité semblait confirmer, du moins en partie, cette opinion, mais dernièrement au cours de la discussion du projet de loi sur l’organisation générale de la Nation en temps de guerre, les Sénateurs ont montré qu’ils ne méconnaissaient ni les droits, ni les devoirs de la Femme.
L’article 6 du dit projet, relatif à la réquisition des services des Français non soumis à des obligations militaires ne faisait en effet aucune distinction entre les sexes, en sorte que la jeune fille, la femme pouvait être réquisitionnée au même titre que le jeune homme ou l’homme non combattant. De nombreux Sénateurs parmi lesquels le Général Stuhl, Mr Voilin, Mr Sari, Mr Jenouvrier se sont élevés contre une semblable mesure en montrant les dangers qu’elle ne manquerait pas d’entraîner.
Si la loi autorisait la réquisition des Femmes, l’ennemi serait dès cet instant autorisé à considérer la Nation entière comme sous les armes si bien que les conventions internationales de La Haye relatives au respect de la population civile en temps de guerre ne seraient plus applicables à notre pays. D’autre part la femme en temps de guerre plus encore qu’en temps de paix, est la gardienne du Foyer qu’elle anime et défend.
Si le premier argument a sa valeur, il faut reconnaître que celle-ci est très atténuée du fait que pendant la dernière guerre l’ennemi semble s’être fort peu soucié de ces conventions. Il est vraisemblable que, dans l’avenir, celles-ci ne seront pas plus respectées qu’elles ne l’ont été précédemment, l’article 6 de la loi sur l’organisation générale de la Nation en temps de guerre ayant été ou non modifiée. Aussi bien n’est ce pas sur celui-ci que les divers orateurs ont insisté mais bien plutôt sur la dernière.
Mr Jenouvrier a résumé l’opinion du pays lorsque, après avoir rappelé le rôle héroïque joué par des femmes au cours de la dernière guerre, il a précisé :
« Jamais nous n’accepterons l’éventualité du départ forcé des femmes françaises de leur foyer. Vous exclurez sans doute certaines catégories de femmes de la réquisition. Mais est-il possible d’arracher des jeunes filles du foyer où elles vivent auprès de leur mère ?
« L’homme doit ses services à l’Etat. Quant à la femme, on ne peut lui demander que des services volontaires. Tous les pères de famille repousseront énergiquement  la réquisition des femmes. »
Ce ne sont pas seulement tous les pères de famille, tous les hommes, qui seraient hostiles à une telle mesure mais toutes les femmes, féministes ou non. Tout le pays. Ce serait en effet provoquer la désertion des foyers, la division de la famille qui déjà en temps de guerre a tant à souffrir de l’absence de son chef. L’homme parti, c’est la femme qui le remplace, prenant à elle seule la charge souvent  lourde de diriger et nourrir les enfants privés momentanément de père, de conserver intact et toujours productif le patrimoine.
L’exemple de la dernière guerre est là pour montrer que l’on peut compter sur Elles soit au foyer soit à l’usine soit dans les hôpitaux, soit même sous le feu de l’ennemi.
Quant aux autres, en faible minorité qui, libres, n’ont pas cru devoir associer leurs efforts à celui de la Nation, certains pourront les défendre encore puisqu’elles ont contribué à la tâche de soutenir le moral, en conservant à la France, malgré la grande tourmente, son visage toujours souriant.
Si j’ai cru devoir plus haut distinguer la femme féministe de la femme non féministe c’est que hélas, il faut l’avouer, beaucoup de femmes ne le sont pas ou croient ne pas l’être.
Toute femme sera féministe le jour où elle aura compris que le féminisme n’a pas la prétention de vouloir remplacer l’homme par la femme mais uniquement de donner à celle-ci la possibilité d’être l’égale de celui-ci, sans pour cela abandonner son rôle de femme, de mère de famille et gardienne du foyer qui sera toujours le plus beau.
Voilà ce que les Sénateurs ont compris. En excluant les Femmes de la réquisition en temps de guerre par l’addition à l’article 6 des mots « du sexe masculin » ils ont montré – bien que cela puisse paraître paradoxal à certains – qu’ils étaient féministes.
Réjouissons-nous de cette victoire. Le Sénat est avec nous.
Et puisqu’aujourd’hui cette page a des allures de bulletin de victoire, je ne veux pas passer sous silence l’additif au décret du 3 novembre 1927 qui institue un concours pour six places d’attaché d’ambassade et quatre de consul suppléant.
L’article 13 du décret primitif est en effet complété comme suit : «  Les candidates éventuellement admises ne pouvant, en l’état actuel des lois et règlements exercer des fonctions inhérentes aux grades et emplois de services extérieurs, seront obligatoirement affectées à des emplois de l’Administration Centrale ou des services annexes.  »
Voici donc la porte de la Carrière diplomatique ouverte à la Femme. Mais pourquoi ne pas l’avoir d’ores et déjà ouverte toute grande ? Mr Briand craint-il que la Femme n’ait pas assez d’adresse et de ruse, ou craint-il au contraire qu’elle en ait trop ?
Qu’il soit rassuré, l’expérience lui montrera d’ici peu sans aucun doute, que, comme lui, la Femme sait « nager ».

                                                                                               Line PAULET



Les femmes contre la guerre



Août-septembre 1928  Article de Line Paulet
                       
                                                    LES FEMMES CONTRE LA GUERRE



                                                                                 
                       Un Appel émouvant

A la veille de la journée historique du 27 août, les membres de la Commission Internationale du «  National Women's Party U.S.A. » dont la présidente est Miss Doris Stevens, ont adressé à Mr Briand, ministre des Affaires étrangères, une demande d'entrevue avec les signataires du pacte Kellogg, pour étudier avec eux la situation de la femme au point de vue du droit international et leur soumettre le texte d'un traité international établissant des droits égaux entre les deux sexes. La France est représenté au sein de ce comité par Mmes Paul-Louis Couchoud et Anatole France ; la délégation anglaise a pour chef la vicomtesse Rhondda ; le docteur Margareth Stegemann, député au Reichstag, représente l'Allemagne.
Le jour de la signature du pacte, elle fit, à Rambouillet même, une manifestation qui n'eut pas l'heur de plaire au commissaire chargé du service d'ordre. Sans égard pour leur personnalité, il lacéra la pétition qu'elles présentaient et les fit arrêter.
Il est regrettable qu'une si digne manifestation ait eu un tel accueil. Cette journée était toute indiquée pour une revendication des droits de la Femme.
C'était là une heureuse initiative. Si la femme doit jouer un rôle politique, c'est bien quand il s'agit de combattre la guerre et de travailler à assurer la paix et la fraternité internationale. Si les femmes avaient su......si les femmes avaient voulu......

Ah puissent-elles enfin savoir et vouloir !
Puissent-elles toutes entendre la sublime exhortation que leur adresse, dans le numéro de juillet de 'La Grande Revue' Madame Simone May ! Sous le titre Piétas......pour ces jours d'anniversaire, elle a publié une dizaine de pages pleines d'émotion, d'éloquences.......de vérités.
C'est comme la prière d'une mère qui a perdu un fils de vingt ans dans la dernière année de guerre et qui s'accuse, qui accuse les autres femmes de n'avoir rien fait, rien tenté pour empêcher cette abomination, et qui ne s'en consolera qu'à user toutes ses forces pour en empêcher le retour, et qui se repent d'avoir dit autrefois que "la politique ne l'intéressait pas. "
Voilà qui devrait secouer l'indifférence et l'apathie de trop de femmes. Voilà qui devrait éveiller bien des intelligences paresseuses ou sceptiques et attirer aux groupements féministes de nouvelles adhérentes.

« J'ai subi, écrit-elle, comme tout le féminin, féal du sort institué par l'homme, cette malédiction d'être impuissante. Et je me demande soudain, oui, je me demande quelle culpabilité ignorante réside dans cette passivité suppliciante, dans cette lâcheté qui ne fait que souffrir......
Privée de moyens effectifs, devant l'homicide concerté, la femme, pendant des siècles, n'a eu que des larmes. Mais les pleurs ont le tort d'être sans efficace, et le fleuve de larmes n'empêche pas le fleuve de sang.
J'arrive lentement à une compréhension plus claire de la genèse des catastrophes........Le crime a plusieurs noms. Chez la plupart, il s'appelle ignorance, acceptation.
C'était ainsi avant le cataclysme. On lisait sans fièvre les journaux : on ne se passionnait que pour de menus faits, tout proches de soi. On vivait à la surface de la vie. Je proclamais « La politique ne m'intéresse pas. La politique n'est pas faite pour les femmes »
Je n'avais pas encore compris qu'il s'agissait là de l'existence des nôtres les plus chers, et que s'abstenir, c'est aggraver sa responsabilité.
Responsables......responsables......Il faut bien l'avouer : nous sommes tous atteints par la honte universelle. Sachons dénuder les racines profondes et inavouées du bellicisme : nous avons consenti, et que le remords que nous éprouvons nous soit un salubre aiguillon.
Délivrons-nous de cette inertie qui est le début de la complicité. Dégageons nous de cette indifférence civique où s'enlisent nos possibilités de servir.
Accusons-nous, nous, la grande masse inéduquée des femmes, d'avoir subi depuis des millénaires le prestige du conquérant, le goût de l'uniforme ; d'avoir pensé que le mousquetaire et que le soldat étaient des hommes un peu plus mâles que les autres ; de n'avoir pas su apprendre aux jeunes âmes avides d'héroïsme qu'il est hautement plus difficile de vivre que de mourir.
Courbée chacune sur son malheur individuel, notre amour était limité et agressif. Nous n'avons point communié avec nos images jumelles, de l'autre côté du mur de feu. La femme moyenne se meut dans le cercle étroit de ses affections immédiates ; elle sert sa famille, tribu farouche de la civilisation. Elle n'élargit pas son coeur jusqu'à se sentir la mère de tous les enfants du monde.
Et pourtant c'est cela qu'il faut faire."
................................................................................................................................
  Oui, l'heure de la femme a sonné. Devenue l'égale de l'homme, elle s'instituera sa protectrice et s'opposera à l'oeuvre de la tuerie. Il ne faut pas que cette fois ci il soit trop tard ; ne permettons plus que notre douleur soit abîmée de remords. Nous ne sommes pas dispensées d'agir en prenant le deuil. Sentons-nous solidaires de tout événement humain. Entrons dans l'action, qui seule compte et porte ses fruits. Une adhésion de plus détourne un des coups mortels dirigés contre nos hommes aimés. L'Internationale des Mères est une faiblesse qui peut devenir puissante, si les unes et les autres se tenant par la main forment un réseau d'amour serré sur le monde. »

Que Madame Simone May nous pardonne d'avoir - pour les besoins de notre cause- souligné par des italiques quelques unes de ses déclarations et de ses exhortations. Mais nous voudrions qu'elle soit entendue de celles à qui nous transmettons son appel. Et qu'elle veuille bien trouver ici avec les félicitations de 'Pour la Femme 'l'expression de notre admiration et de notre sympathie.

                                                                                          Line Paulet

Notez le changement du dessin...la femme est seule sur Rossinante!
A chaque article un petit croquis qui annonce le sujet

samedi 16 septembre 2017

Pour la femme

Extraits du journal tels que je les ai visionnés

En juin 1928 parait la revue féministe  "Pour la Femme"




Pour la Femme…Et par Elle

« Don Quichotte » aujourd’hui se trouve partagé
Le pauvre chevalier de la Triste Figure,
Trop usé pour courir le monde et ses dangers,
S ‘en retourne à son rêve et sa littérature.
Et celle dont l’ardeur devait le diriger,
Enfourchant à l’étape une fraîche monture,
Reprend sa lance en main : « Cedant arma togae ! »

La Justice elle-même à son tour prend les rênes
Et Rossinante est prête à devenir pur-sang.
Ce n’est plus un rêveur, c’est  le Droit qui la mène,
Elle ne charge plus des moulins innocents
Et n’a pas de Sancho Pança qui la refrène ;
Mais pour réaliser ses espoirs grandissants,
Elle a la volonté :la Victoire est certaine.

Il faut lutter encore et tout n’est pas gagné.
L’Homme n’a pas assez rénové sa morale,
De trop de préjugés il demeure imprégné,
Sa compagne à ses yeux est toujours la vassale,
A la voir à son rang il n’est pas résigné.
Mais plus tôt qu’on ne pense, elle sera l’Egale
Et le jour du succès n’est pas trop éloigné.

Aussi, cette revue, en un dernier coup d’aile,
Veut de toutes ses sœurs parachever l’essor,
Faire valoir les droits et cesser la tutelle.
Et pour mieux indiquer le sens de son effort,
Pour préciser son but et qu’on se le rappelle,
Sa devise sera :Pour la Femme et par Elle !
 Paul Charpentier





Lettre ouverte
              A Monsieur le Député  Nouvellement élu *

Monsieur le Député,
Vous voici donc élu, satisfait, heureux et –je veux le croire- animé du désir de bien faire et tout débordant d’ardeur impatiente de s’employer.
Il s’agit maintenant de tenir votre promesse. Il en est une –parmi tant d’autres- une toute petite, que je veux rechercher avec vous dans votre profession de foi.
Je ne sais sous quelle forme vous l’avez faite ; mais vous l’avez faite, à coup sûr. Pour tous , la promesse était de rigueur et la formule ne variait guère . Prenons si vous le voulez, celle de votre affiche :
                                     « Droit de vote pour les Femmes »
Bravo !Bravo ! et Merci !
Mais pendant que vous êtes encore plein d’enthousiasme et d’illusions, et avant que votre feu sacré ne soit éteint au souffle des courants d’air de la Chambre, je veux vous rappeler…..
Non, laissez-moi finir. Pas d’interruptions. Ne mettez pas la main sur votre poitrine, ornée du « baromètre » et ne me dites pas :
« Mais, comment donc !…. C’est entendu……Comptez sur moi….. »
Vous avez fait assez de promesses. N’en jetez plus, la Chambre est pleine.
Ce que je veux vous demander, c’est un engagement d’honneur.
Puisque vous vous êtes montré si féministe sur vos affiches, je vous demande cette simple déclaration :
« Je m’engage, sur l’honneur, à ne me représenter dans quatre ans aux suffrages de mes concitoyens que si, d’ici là, les femmes ont obtenu le droit de vote »
Allons, Monsieur le nouveau  Député, un peu d’audace. Ayez assez de confiance en vous, en l’effort que vous nous avez promis de faire. Ayez assez de cran pour prendre cet engagement-là publiquement.
Vous serez, j’en suis sûre, vous serez imité. Si vous voulez cela, d’autres le voudront. Si vous l’osez, d’autres l’oseront.
Mais l’oserez-vous ?
Ce n’est qu’en l’espérant bien timidement, Monsieur le Député, que je prends la liberté de vous adresser ma requête -mon conseil- et que je vous prie d’agréer l’expression de ma considération féministe et distinguée.
                                                                                               LINE PAULET

* Il s'agit de Emile Faure député de la Seine du parti Union Républicaine Démocratique